Éviscération 024 - Vengeance, fétichisme et horreur sans nom

Dans ce Éviscération, trois auteurs du collectif Horrificorama, en prévente chez Les Six Brumes jusqu’au 23 juin, présentent le sujet de leur histoire. Isabelle nous parle du douloureux sous-genre du rape and revenge. Ariane pastiche le fétichisme de Jonathan Reynolds. Et moi, je vous parle d’un père fondateur de l’horreur moderne : Howard Phillips Lovecraft.
 
Isabelle Lauzon et… le rape and revenge
 
Le thème rape & revenge m’attirait et je suis bien contente de l’avoir obtenu. J’espérais qu’il allait me permettre d’explorer une part de noirceur, et je n’ai pas été déçue! Comme je ne voulais pas appliquer une recette trop convenue, j’ai opté pour une déconstruction des éléments de base du concept (viol, remontée des enfers pour se refaire une vie et vengeance), qui sont le fondement de mon récit, mais avec des enjeux supplémentaires. Nous vivons l’histoire en étant en alternance dans la tête de la victime et du bourreau, ce qui, je l’espère, provoquera un certain effet de malaise chez le lecteur (en tout cas, moi, j’ai été troublée en l’écrivant!). D’autres personnages sont impliqués… et vous pouvez être certains que ça va mal se passer pour la grande majorité d’entre eux!
 
Ariane Gélinas et… l’horreur psychologique
 
Une bonne partie de mes nouvelles appartiennent à la vaste catégorie du « fantastique horrifique ». D’ordinaire, je sélectionne des thèmes qui me placent dans une situation de défi. Le choix de ce sous-genre, dans le cadre de ma participation à Horrificorama, ne me plaçait toutefois pas — comment dire? — en danger. Pourquoi aller à contre-courant de mon impulsion habituelle, alors? Parce que, depuis un moment, j’avais en tête un défi propre à un récit d’un type particulier. Mon texte « Freyja » se rattache en effet à un sous-sous-genre : l’horreur-de-Jonathan. Jonathan comme dans « l’auteur et éditeur Jonathan Reynolds », oui! Je m’explique.
 
Qu’est-ce que l’horreur-de-Jonathan? Bien que les histoires reynoldiennes ne découlent pas toutes d’un canevas unique, elles ont souvent des similitudes : un jeune homme, mal dans sa peau et assez solitaire, s’éprend d’une jeune femme marginale et énigmatique avec qui il va développer un étrange fétichisme.
 
« Freyja » s’inscrit dans cette veine (pour ne pas dire dans ce capillaire). À vous de découvrir quel fétiche elle dissimule!
 
En attendant, je vous recommande deux lectures d’horreur psychologique, Wild Fell, de Michael Rowe, et La maison des épreuves, de Jason Hrivnak. Ma critique complète de ses ouvrages, pour les curieux éventuels, est sur le site des Libraires.
 
Frédéric Raymond et… l’horreur lovecraftienne
 
Peu d’auteurs ont été autant pastichés que Howard Phillips Lovecraft. Dire qu’il a eu une influence sur l’horreur moderne serait minimiser son importance; c’est un des pères fondateurs du genre tel que nous le connaissons aujourd’hui. Sans lui, pas de Nécronomicon, pas de géométrie non euclidienne qui rend fou à cause de ses angles impossibles, pas de monstre aux multiples tentacules sommeillant au fond de l’océan. Sans Lovecraft, l’horreur ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.
 
Quand Pierre-Alexandre m’a approché pour Horrificorama, j’ai tout de suite su que je voulais écrire une nouvelle sur un lieu historique près de chez moi : Château-Bigot, un ancien manoir bâti à l’époque de la Nouvelle-France. J’ai découvert cet endroit, qui n’existe plus aujourd’hui, dans l’essai de Lovecraft sur la ville de Québec. J’aurais pu écrire bien des histoires en m’inspirant de ce lieu, mais en faisant de la recherche sur Château-Bigot, j’ai découvert qu’avec très peu d’entorses à l’histoire, je pouvais reproduire la trame d’un texte lovecraftien en m’inspirant de William Kirby, un journaliste et écrivain qui a visité Québec à la fin du 19e siècle. Et si Kirby avait visité Château-Bigot? Et s’il y avait découvert une horreur indicible? Et s’il avait tout fait, par la suite, pour l’oublier?
 
Suggestion : Le Cauchemar d’Innsmouth, de Howard Phillips Lovecraft.
 
Réservez votre exemplaire de Horrificorama sur la page des Six Brumes.
 
À bientôt!
 
Frédéric Raymond, éditeur
La Maison des viscères

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